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La Bataille de 1835 entre Ait Ali Ouharzoune et Zaknoun (3)
20/04/2009 20:36
Il y en a qui portent au milieu du front des plaques rondes, vertes et bleues entourées de gouttelettes d’argent. Ce sont les mères de l’année qui ont mis au monde des enfants mâles. Elles ont participé à la toute-puissance masculine, et leur insigne est le disque du soleil. Elles ont enfanté comme la terre, et mieux qu’elle, au lieu d’épis, une moisson d’hommes.
Presque toutes les autres ont des plaques pareilles sur la poitrine. Celles-là ont donné au village tous les guerriers qui le défendent à cette heure. Les plus braves, les plus grands, les plus sages dans le conseil sont sortis de leurs flancs. Elles les ont tenus près d’elles jusqu’à ce qu’ils fussent assez forts pour manier une arme, puis elles les ont lâchés comme des lions. Toute la force de la cité, tous ses biens, tout son honneur ont passé par elles comme une émanation divine, et c’est d’elles que sont descendues comme des fleuves ces deux troupes qui se battent sous leurs yeux.
Elles les prodiguent, leurs hommes, comme si leurs seins étaient inépuisables. Ce jour-là est peut-être le grand jour où le village d’en face, d’où sont déjà partis tant de coups mortels, s’écroulera dans la fumée et dans les flammes. Est-elle donc si dure à gravir, cette pente à demi-couverte d’oliviers, de figuiers et de champs d’orge, terminée par des bouquets de frênes au milieu desquels pointent les toits rouges ?
Voilà les deux bataillons qui sortent de leurs abris et se fusillent à plein corps dans le lit de la rivière. Elles les voient se joindre. Leurs cris continus fendent l’air et font bondir les hommes en avant comme des pointes de lances. S’ils reculent, leurs hurlements d’épouvanté les clouent sur place. Ils se jettent les uns sur les autres, et se taillent les membres à coups de yatagan. La rage les aveugle, et ils sont fous de honte. Que diront-elles là-haut s’ils plient ? Que crient-elles déjà ? « O les lâches! »..........
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Commentaire de Farid Ait Ahcene (22/04/2009 17:46) :
En lisant ce passage j`ai bien senti que l`auteur a decrivait un peu une
des honorables qualites que les kabyles avaient depuis leur existance(
ENNIF ).
Que dieu nous la garde a jamais.
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Commentaire de afrmed (09/01/2010 11:23) :
Admirez ce chef d'oeuvre de 'Achouffou ou
kendour'.c'est tellement épique,bien écrit,que l'on aimerait
que çà recommence.On ne dirait pas qu'il s'agit de deux villages
voisins accablés par la misère qui sont en train de s'entretuer.Et
l'auteur voudrait certainement en voir d'autres celà arrange bien
les affaires,n'oublions pas que les Français ne sont pas loin de la
kabylie à l'époque de l'écrit.
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