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Le contexte historique et géographique de l’émigration kabyle (1)
19/08/2010 00:30
La Kabylie a une longue tradition d’émigration. En effet, une migration interne existe
déjà avant 1830, c’est-à-dire avant le début de la colonisation française de l‘Algérie. Avant
cette date, de jeunes kabyles vont travailler pour une courte durée dans les grandes villes
algériennes. Par exemple, une part importante des ouvriers des manufactures turques en
Algérie sont kabyles. D‘après Chaker, une tradition du commerce liée à la migration existe
déjà chez certaines tribus kabyles avant le début de la colonisation. (Chaker 1998 : 67).
Pendant cette période, l’exil est souvent appréhendé avec peur par les Kabyles (Khellil
1979 : 103). Ainsi, il suffit qu’un Kabyle quitte son village natal pour qu’il se sente étranger.
Dans les villages kabyles, la punition la plus cruelle n’est alors pas la peine capitale mais
l’exil. L’homme puni se réfugie dans un autre village, où il peut seulement exercer des
métiers peu prestigieux et méprisés, comme par exemple celui de boucher (Khellil 1979 :
103). Il s’agit là de départs forcés et définitifs. Quant à l’émigration de courte durée réalisée
pour des raisons économiques, celle-ci est toujours accueillie avec tristesse par ceux qui
restent dans le village ; notamment par les épouses et par les mères de famille. Dans la poésie
kabyle populaire, le thème de l’émigration occupe une place importante, et a souvent une
tonalité tragique. La force de la famille dépend en effet du nombre d’hommes qui la compose.
L’absence provisoire d’un certain nombre d’hommes est donc ressentie fortement. De plus,
l’émigration est traditionnellement perçue comme une épreuve de virilité.
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